Alors que le chantier d’embellissement de l’axe Monge-Bossuet se poursuit, les archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) fouillent ce secteur, notamment au pied de l’église Saint-Jean, élevée sur une ancienne nécropole du haut Moyen Âge.
Les vestiges d’un chevet … et une nécropole !
De janvier à septembre 2024, la Ville de Dijon mène des travaux d’aménagement de l’axe Monge-Bossuet dans le but de végétaliser et d’optimiser les déplacements piétons et cycles, tout en maintenant la circulation véhicule et bus. Entre février et juin 2024, sur prescription de l’État, les équipes d’archéologues investissent plusieurs secteurs de fouilles dont deux au pied de l’église Saint-Jean. Ces fouilles révèlent les vestiges du chevet ainsi que des sépultures d’une nécropole du 6e siècle.
Les traces d’une première basilique, sur ce site, sont connues dès le 4e siècle. Au 9e siècle, l’édifice est érigé en église paroissiale avant d’être remplacé au milieu du 15e siècle par une nouvelle église. En 1724, un nouveau chœur est dessiné, base du bâtiment actuel. Au début du 19e siècle, celui-ci est profondément modifié : destruction de l’ancienne sacristie, du chevet, de la flèche centrale et des deux flèches surmontant les tours. Lors des opérations de ce mois de mars, les archéologues ont ainsi mis au jour les imposantes maçonneries du chevet de l’édifice révélant des états antérieurs remontant entre le 6e siècle et l’an Mil, environ.
À cette époque, Dijon est encore principalement un castrum, une petite cité fortifiée qui s’étend autour de l’actuel palais des ducs et des États de Bourgogne. Selon les pratiques qui avaient alors cours, les nécropoles sont alors déportées à l’extérieur de la cité, la principale s’étendant sur le site de l’actuelle église Saint-Jean. Les fouilles de la place Bossuet et de la rue Danton ont permis de mettre au jour des sépultures de cette nécropole, dont on ignorait l’extension, côté rue Danton.
Parmi les centaines d’inhumations largement enchevêtrées, datant de nombreuses époques, les archéologues ont fouillé, sur l’actuelle place Bossuet, une grande quantité de tombes d’enfants, qui entouraient l’abside du premier état de l’église Saint-Jean. Ces types de tombes sont caractéristiques d’une période située entre le 11e et le 13e siècle environ. Après le 15e siècle, la nécropole se réduit à la seule rue Danton, au sud de l’église, où les sépultures peuvent dater du 18e siècle.
> Un sarcophage… particulier !
À l’est de l’église Saint-Jean, plusieurs sarcophages en grès ont été mis au jour, souvent de forme trapézoïdale, ils sont caractéristiques de la période mérovingienne (6e – 8e siècle). Mais le mardi 12 mars, l’Inrap a pu mener une opération d’envergure autour d’un sarcophage probablement daté d’une époque antérieure. Au sud de l’église, rue Danton, celui-ce se distingue, par sa matière, du calcaire, par sa cuve rectangulaire et par son lourd couvercle de forme semi-circulaire. Il se révèle être d’un type plus ancien (4e – 5e siècle). Sa fouille a permis de révéler trois squelettes témoignant probablement d’un phénomène de réutilisation postérieure. Des analyses complémentaires seront faites pour essayer de dater ces squelettes.
En savoir plus sur l’Inrap
Établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche, l’Inrap assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
Plus d’infos sur les chantiers menés par l’Inrap : www.inrap.fr/