Des pavés de mémoire à Dijon

Pavé en mémoire de Raphaël Amon, installé 9 rue du Bourg © Ville de Dijon
Pavé en mémoire de Raphaël Amon, installé 9 rue du Bourg © Ville de Dijon

Ce vendredi 24 mai, 11 pavés de mémoire ont été dévoilés dans Dijon : installés devant le domicile des 11 victimes juives de la rafle du 26 février 1942, leur mémoire est ainsi rappelée aux passants.

Un projet mémoriel et pédagogique

La démarche de ce projet mémoriel a été initiée par Dimitri Vouzelle, docteur en histoire contemporaine et professeur au lycée international Charles-de-Gaulle. Avec ses élèves, un projet pédagogique a été mené afin de retracer le parcours des victimes de la rafle. La Ville de Dijon, par l’intermédiaire du service Dijon, Ville d’art et d’histoire, a pris le relais de l’opération pour l’installation des pavés dans la ville.

Ce projet mémoriel trouve son origine en Allemagne, dans les années 1990, avec l’artiste berlinois Günter Demning. Depuis, plusieurs dizaines de milliers de ces pavés ont été installés dans de nombreuses villes européennes.

Le site officiel des pavés de mémoire « Stolpersteine » : https://stolpersteine.fr/

L’installation de ces onze pavés prend place dans la continuité des hommages rendus dans le cadre de l’année mémorielle, marquant les 80 ans de la Libération de Dijon.

La rafle du 26 février 1942 : un événement oublié

Ces pavés dorés destinés à rendre hommage à onze juifs raflés, déportés et assassinés, comportent les noms, dates de naissance, de déportation et de décès des victimes. Retour en quelques lignes sur la rafle du 26 février 1942.

En octobre 1945, le Secrétariat général pour la police diligente une enquête afin de recenser les juifs déportés entre 1940 et 1944 depuis Dijon et les Dijonnais arrêtés dans d’autres villes. Trois rafles principales sont identifiées par les enquêteurs : celle du 26 février 1942, celle du 13 juillet 1942 qui précède la rafle du Vel’ d’Hiv à Paris, et enfin celle qui se traduit par le plus grand nombre d’arrestations, la rafle du 24 février 1944. Pour chaque arrestation sont précisés le plus souvent le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance ainsi que le domicile et la date de l’arrestation. Parfois, seul le nom est mentionné.

La rafle du 26 février 1942, la première à Dijon, est à ce jour totalement occultée dans l’histoire locale et n’est présente que partiellement et parfois de façon erronée dans les mémoires familiales de descendants marqués et traumatisés par cet épisode. Elle possède pourtant une particularité ; c’est la seule rafle d’otages juifs à Dijon.

Onze pavés en mémoire de onze victimes

La liste et la carte ci-dessous détaillent les noms des onze victimes et spécifient l’emplacement des pavés commémoratifs.

  • Raphaël Amon (9, rue du Bourg) né à Istanbul le 1er avril 1893, marié et père de 4 enfants, travaillait au magasin Au labeur, rue du Bourg. Arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, il est interné à Compiègne puis déporté à Auschwitz. Il y meurt le 16 juin 1942.
  • Pierre Baruch (28 rue Amiral Roussin) né à Dijon le 23 septembre 1905, marié et père de deux enfants, était charcutier rue Amiral Roussin. Arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, il est interné à Compiègne puis déporté à Auschwitz. Il y meurt le 10 juillet 1942.
  • Maurice Bigio (1 place Barbe) né à Dijon le 25 mars 1923, étudiait les mathématiques spéciales en classe préparatoire au lycée Carnot. Arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, il est interné à Compiègne puis déporté à Auschwitz. Il y meurt le 25 août 1942.
  • Joseph Blankenberg (9 rue du Chaignot) né à Varsovie le 22 juillet 1889, marié et père de quatre enfants, était manœuvre aux usines Pétolat. Arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, il est interné à Compiègne puis déporté à Auschwitz. Il y meurt le 9 août 1942.
  • Robert Blum (19 rue Berbisey) né à Dijon le 2 juillet 1908, était voyageur de commerce. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Drancy avant d’être déporté à Sobibor. Il y meurt le 28 mars 1943.
  • Jacob Cher (1 rue Garibaldi) né à Saint-Quentin le 14 juin 1887, marié, était représentant. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Drancy avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 5 août 1943.
  • Victor Friedrich (31 rue Jacques Cellerier) né à Metz le 1er avril 1920, était manutentionnaire chez Prisunic, 108 rue Piron. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Compiègne avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 22 juin 1942.
  • Alfred Hauser (9 rue Fournerat) né à Besançon le 19 octobre 1888, marié, était négociant en tissus. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Compiègne avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 10 juillet 1942.
  • Gustav Judenkirsz (31 rue Guillaume Tell) né à Varsovie le 26 novembre 1893, marié et père d’un enfant, était tapissier. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Compiègne avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 7 juillet 1942.
  • René Lévy (10 rue d’Arbaumont) né à Troyes le 06 juin 1900, marié et père de 2 enfants, était industriel. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Compiègne avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 25 juin 1942.
  • Jacques Lichtenstein (96 rue de la Liberté) né à Nyon le 23 août 1904, était photographe à Mulhouse. Il est arrêté lors de la rafle du 26 février 1942, interné à Compiègne avant d’être déporté à Auschwitz. Il y meurt le 24 juillet 1942.

L’inauguration de l’installation des pavés de mémoire le vendredi 24 mai 2024 © Ville de Dijon

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